MON HISTOIRE

Oui, ma très chère, je suis là, mais, pour combien de temps ? En effet, je n'ai pas été à la convocation ce matin, et heureusement car c'était un guet-apens qui cachait une expertise psychiatrique camouflée afin d'installer une tutelle qui m'aurait envoyé promener dans un établissement ad vitam æternam. Cependant, on me promet la force publique, ou pour mieux dire, on m'en a menacé pour que j'aille à la convocation de ce matin : c'était une pêche à la ligne.

Cette convocation où je serais mis en cause avec plainte à l'appui pour des faits prescrits que je ne connais pas, cette convocation, dis-je, devait avoir lieu à 9h30. Fait très bizarre, un quart d'heure plus tard, l'adjudant Mazoué me téléphone : ce n'est pas dans l'habitude de la gendarmerie de téléphoner à celui qui est convoqué, ne le voyant pas venir. C'était un coup de fil pour m'annoncer que si je ne venais pas, sans doute y aurait-il la force publique un de ces jours. Entendant tous les mensonges qu'il me débitait, je lui dis que je n'irais pas. Nous en sommes donc là. Je vous ai dit en gros ce qui s'est passé, tout en évitant les détails car ce serait trop long à raconter.

  Les voilà tous masqués :

Gog signifie masqué.

L'armée de Gog s'installe

Sur la planète entière,

Un véritable scandale

Qui masque toute la terre.

Tous acceptent sans broncher

D'être aujourd'hui masqués !

Si j'eusse agi ainsi

Dans mon histoire personnelle,

Je serais, je vous le dis,

À l'ombre de la Fraternelle,

Assis dans un coin solitaire,

Au fond d'un établissement

Ou en chambre d'isolement,

Condamné à perdre la vie

Dans un temps plus ou moins raccourci,

Au pouvoir des trois-points-frères.

  Des choses curieuses arrivent

Qu'on croit aller à la dérive !

Mais point du tout, loin s'en faut.

On vous fait croire que tout est beau

Pour bien vous emberlificoter

Et pour que jamais vous ne puissiez

Découvrir le pot-aux-roses.

Si vous trouvez une porte close,

Vous demandez qu'elle soit ouverte ;

On vous répond d'une manière experte

Qu'il y a des dérèglements !

Et cela fait votre contentement ?

Mais allez plus loin, je vous prie :

C'est ce que je fis aujourd'hui,

Et je découvris que j'étais

Sous tutelle : tout était prêt !

Une chose manquait à l'application :

Passer devant un psy rapidement,

Et tout était fait en un instant

Avec force publique s'il vous plaît

Qui d'un seul coup m'emmènerait

Au lieu prévu dans son fourgon.

  Lorsque la Sainte-Fraternelle

Veut se débarrasser de vous,

Elle mijote une tutelle

Qu'elle vous mettra sans vous.

Tout se fera par-dessous

Et vous n'y comprendrez rien

Jusqu'à ce qu'un beau matin

On vous déverse dans le trou.

  La police est très menteuse

Et aussi très frauduleuse.

Elle ment comme elle respire

Et sent mauvais quand elle transpire.

Ne croyez donc pas les policiers

Qui vous disent ceci et cela :

C'est pour vous emberlificoter

Et que vous marchiez au pas

Et que vous vous soumettiez

Tout en vous bouchant le nez.

L'expérience m'a appris

À me défier de ces gens-là

Qui respectent plus les malfrats

Que les bonnes gens : tout est dit.

  De la justice, parlons-en :

Rien de plus injuste, assurément !

Et pour toute chose c'est pareil,

Et ce n'est pas grande merveille

Que de voir tout ce qu'on voit :

Cela me fait vomir, pouah !

Vous l'avez tous expérimentés

Un jour ou l'autre, c'est assuré !

C'est pourquoi, en dire davantage,

C'est m'exposer au naufrage.

La justice humaine ne vaut rien

Puisqu'elle est menée par le malin

Qui de ce temps est à son aise

Puisque sa sainte maçonnerie

Partout fait chauffer les braises

Pour allumer les incendies.

Mais tout cela n'aura qu'un temps,

Et tous ces vieux chenapans

Iront bien vite expérimenter

Feu et soufre pour l'éternité.

 Vous n'en croirez pas vos yeux,

Et pourtant c'est véridique :

Une banque est en jeu !

L'histoire est bucolique.

Supposez un compte-joint

Existant depuis dix ans !

La banque écrit à l'un :

« Envoyez-moi dès à présent

Une pièce d'identité !

- Je regrette, mais vous l'avez.

- Nous ne l'avons jamais eue.

- Mais l'auriez-vous perdue ?

- Mais nous ne l'avons pas.

- Vous vous foutez de moi ?

Depuis dix ans vous l'avez.

- Non, je peux vous le jurer. »

Et ainsi se poursuivit

Ce dialogue de sourds.

Comment tout cela finit ?

Le client arrête tout court :

Le compte marche toujours.

 Voici un espace client

Dans une administration !

Dans cet espace, que voit-on ?

Rien du tout, aucun document,

Et ça dure depuis longtemps.

Il faut demander comment

Se fait-il que c'est vide !

On vous répond, c'est pas du bid :

« C'est un problème technique ! »
Mais aussitôt je réplique :
« Une tutelle, n'est-ce pas ? »
On vous répond de ce pas :
« Retournez-y vitement ! »
J'y retourne et voici
Que tout, par enchantement,
Est réapparu à l'instant.
Tutelle, mot magique
Qui rétablit tout sans réplique :
Employez-le, essayez :
Vous allez bien rigoler !

Et comme un âne dites : Hi !

L'autre âne répond : Han !

 Qui sait, peut-être qu'un jour

On verra des vaches brouter

Dans le plus grand des prés,

Savoir les Champs-Élysées !

Tout est possible de nos jours

Et ne faut-il pas innover ?

À l'horizon 2030,

Plus bien grande n'est la pente !

L'écologie le réclame,

L'ID2020 s'enflamme :

La bêtise est à son comble,

Et ce qui est vraiment le comble,

C'est qu'on croit des sornettes

Que ne pourraient croire les bêtes.

Pas étonnant après cela

Qu'on vous force à vous masquer,

À vous tester, vous vacciner !

Et bientôt on vous forcera

À marcher à quatre pattes

Comme font chats et chattes !

Et vous vous exécuterez

En disant : C'est pour ma santé !

Eh bien, allez donc brouter

Sur les Champs-Élysées !