L’ANNÉE MARIALE par la Mère de Chaugy

Honorez aujourd’hui la Sainte Vierge dans les préparatifs que son soin maternel lui fit prendre pour ajuster les bandelettes et les langes dans lesquels elle savait que le Verbe fait chair voudrait être enveloppé dans son enfance. Ah ! Vierge Sainte, lui devez-vous dire, vous voilà déjà dans l’exercice de ce que vous avez juré à l’Ange : que vous êtes la servante du Seigneur ! Entrez en esprit dans cette sainte préparation de Marie, et priez-la de nettoyer votre cœur pour y loger son Fils.

Destinez ce jour à honorer la profonde humilité de la Sainte Vierge et de saint Joseph, recevant, avec silence et soumission, la signification des arrêts de César et s’allant enrôler comme de pauvres sujets, quoiqu’ils sussent fort bien qu’ils tenaient caché le Roi des rois et le Seigneurs des seigneurs, le Verbe incarné, qui ne voulut point les exempter de cette servitude apparente. Entrez en solitude avec Marie et Joseph pour commencer aujourd’hui le voyage de Bethléem. On tient qu’il y avait trois jours de chemin depuis Nazareth jusqu’à Bethléem ; faites en esprit ce saint voyage, abandonnée comme Marie et Joseph à la merci de la divine Providence.

Honorez aujourd’hui la Sainte Vierge comme une illustre voyageuse, et mettez-vous à sa suite, selon l’avis de notre Père saint François de Sales : « N’abandonnez point, dit-il, votre sainte Maîtresse d’un seul pas, tandis qu’elle part de Nazareth et qu’elle va en Bethléem, et que, sans empressement, mais non pas sans un ardent mouvement, elle attend d’heure en heure de voir éclore de son sein virginal ce bel Enfant du Paradis. »

Honorez aujourd’hui la Sainte Vierge comme la première des pauvres évangéliques, et vous servez de la pensée de saint François de Sales : « Voyez, dit-il, de vos yeux intérieurs, et suivez de l’imagination et d’une affection saintement amoureuse la Sainte Vierge à son entrée dans la ville de Bethléem. Hélas ! vous la verrez cette belle Dame, cette heureuse Fille de Sion, qui, telle qu’elle est Mère du Roi de gloire, va mendiant l’hospitalité en Bethléem ! Elle n’en a point de honte ; au contraire, elle s’honore de cette sacrée et bienheureuse nécessité. Elle ne s’offense point des refus de logis qu’on lui fait ; mais, sachant qu’elle doit donner au monde le Pasteur des pasteurs et l’Agneau de Dieu, elle se retire tranquillement dans le coin d’une pauvre étable abandonnée. Tâchez d’y avoir place pour cette heureuse nuit ; veillez et priez, et que l’étable soit votre oratoire. »

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Ce jour sacré doit être employé à faire spirituellement la bienvenue à l’Enfant-Dieu, à la Mère Vierge et au père putatif du Verbe incarné. « Pour moi, dit saint François de Sales, je ne veux point d’autre assignation spirituelle que Bethléem ; c’est la sainte première Église ou la mère de toutes nos églises. Il me semble, en ce saint jour, voir une crèche sur l’autel, et le divin Poupon nous regardant avec ses deux yeux pleins de larmes plus précieuses que des perles. Je l’offre à son Père avec le congé de sa Mère, afin qu’il soit à jamais le cœur de notre cœur et le souverain Époux de mon âme. »

C’était la coutume, entre nos premières Mères, de faire, dès la veille de Noël, une petite étable et une crèche dévotement parées, et d’y poser, jusqu’au jour de la Purification, l’image en cire du saint Enfant-Jésus. Notre digne Mère de Chantal avait coutume de l’emmailloter, notre vénérable Mère Favre de faire la crèche, et notre vénérable Mère de Bréchard de composer le cantique qui était chanté par notre précieuse Mère de Châtel, laquelle, étant Supérieure, ne passa jamais fête de Noël sans habiller un petit pauvre en l’honneur de la nudité du saint Enfant-Jésus, qui a dit : « Ce que vous ferez au plus petit des miens, je le réputerai fait à moi-même. »

Honorez aujourd’hui les sentiments intérieurs de la Sainte Vierge lorsqu’elle vit son adorable Fils soupirer, pleurer et fendre l’air de ses cris enfantins. Ah ! que de choses différentes ! les Anges et les pasteurs chantent et Jésus pleure ! Ô Sacré-Cœur de Marie ! vous saviez tous ces secrets d’amour ; apprenez-moi, dans cette sainte étable, si je dois pleurer avec Jésus ou chanter avec les Anges ; et, me recevant avec les bergers, obtenez à mon âme les mouvements de grâce par lesquels il plaira à votre Saint Enfant que je le glorifie ! En attendant ce mouvement particulier, je suivrai le rite général de l’Église et chanterai : Gloria in excelsis Deo !

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Honorons aujourd’hui la Sainte Vierge comme la première Directrice de la sainte oraison auprès de la crèche, et, pour cela, servons-nous de la pensée de notre Père saint François de Sales : « Mon Dieu, ma fille, dit-il, tenez-vous bien proche de cette sainte Vierge-Mère. Elle est auprès du berceau de son divin Enfant ; elle se tait et admire en silence, méditant tout ce qu’on dit de son céleste Poupon ; elle conserve en les conférant toutes ces choses dans son Cœur virginal. Le Cœur de l’Enfant, plein de ferveur pour les nôtres, ne se déclare point qu’avec de petites plaintes, des larmes et de douces œillades ; la Mère pense en silence et en paix, ce qui nous apprend la vraie oraison mentale et la ferveur amoureuse d’un cœur qui est saisi des affections divines, qui nourrit ses saintes pensées et qui craint d’en perdre la suavité s’il les prononce, tant sa tranquillité lui est chère. La Sainte Vierge avait sans doute appris à son fils adoptif, le glorieux saint Jean, cette excellente méthode d’oraison de sommeil et de repos sur la poitrine du Sauveur. »

Honorez aujourd’hui, avec saint François de Sales, l’humilité de la Sainte Vierge auprès de la crèche qui sert de berceau à son adorable Fils. Elle ne voit ce divin Poupon que dans l’obscurité d’un chétif lieu, à la faveur de la petite lumière de quelque vile lampe empruntée ; elle n’en fait point de compliments ni d’excuses ; elle ne raconte point aux rois qu’elle avait un logis plus commode à Nazareth ; elle ne répond rien aux cantiques des Anges ; elle ne correspond point aux caresses des pasteurs, et ne fait autres choses, que nous sachions, que de se tenir humblement anéantie en la présence du Dieu caché ; et saint Joseph faisait de même que sa céleste Épouse.

Honorez aujourd’hui la charité de la très-sainte Vierge auprès de la crèche, et, pour cela, servez-vous de la douce pensée de notre Père saint François de Sales, qui dit que cette sainte Mère donnait à tenir et à baiser son cher Enfant à ceux qui le venaient visiter. « Ah ! mon Dieu, dit-il, qu’il sied bien à cette Vierge de faire la Mère et de manier son petit Enfançon ; mais surtout j’aime sa charité, qui le laisse voir, manier et baiser à qui veut ! Demandez-le-lui et elle vous le donnera, et, l’ayant, dérobez-lui une des petites larmes qu’il a sous les yeux ; sa sainte Mère le voudra bien, et c’est merveille combien cette sainte liqueur est admirable pour toutes sortes de maux de cœur. »

Consacrez ce jour à honorer la Sainte Vierge par ces trois titres : de Vierge avant l’enfantement, Vierge dans l’enfantement et Vierge après l’enfantement. Servez-vous des paroles de notre Père saint François de Sales sur ce mystère : « Mon Dieu, dit-il, que cette naissance fait naître de saintes affections dedans notre cœur !... Je ne sais ; mais je ne trouve point de mystère qui mêle si suavement la tendreté avec l’autorité, l’amour avec la rigueur, la douceur avec l’âpreté ; aussi n’y eut-il et n’y aura-t-il que Marie de laquelle est née Jésus-Christ, qui soit Mère et Vierge tout ensemble. »

Aujourd’hui, il faut renouveler la ferveur de la dévotion des trois Ave Maria en l’honneur de la pureté de Marie, qui est une confrérie en laquelle sont écrites et enrôlées toutes les professes d’Annecy, et, pour cela, il faut unir son intention à tous les dévots de Marie, qui l’honorent ainsi dans les églises des Minimes, où elle a premièrement été instituée.

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>>> PAROLES de ce cantique de la PETITE COURONNE de la SAINTE VIERGE