L’ANNÉE MARIALE par la Mère de Chaugy

Suppliez aujourd’hui la douce et miséricordieuse Vierge de se faire MÉDIATRICE entre JÉSUS et NOUS, et lui demandez, pour étrennes, du sang, de l’huile et du lait, qui paraissent en ces fêtes de l’avènement de Notre-Seigneur : le Sang du Rédempteur pour laver nos crimes ; le nom du Sauveur pour guérir nos plaies comme une huile précieuse, et le lait de la très-pure Mère pour nous nourrir de la nourriture de Jésus-Christ, et nous faire vivre de sa vie.

Honorez aujourd’hui la sacrée Vierge, non seulement offrant les présents des rois Mages au Roi Jésus, mais faisant les fonctions de PRÊTRE et de GRAND PONTIFE, portant l’Enfant-Jésus entre ses bras, pour le présenter à Dieu son Père comme la Victime d’expiation pour les péchés des hommes. Que si tous les rois et toutes les nations de la terre font des adorations, des offrandes et des hommages à notre grand et petit Jésus, c’est avec grande justice, parce qu’il est Dieu de toute éternité, égal à son Père qui l’engendre de son sein. Recevez donc, ô mon Roi, nos adorations ! Mais, ô Père éternel, Père de cet Homme-Dieu, regardez, s’il vous plaît, d’un œil favorable, les dons de votre Église, dans lesquels nous ne vous offrons point ni de l’or, ni de l’encens, ni de la myrrhe, mais Jésus-Christ votre Fils, dont les présents des rois Mages étaient la figure.

Apprenons aujourd’hui à offrir Jésus et à nous offrir nous-mêmes à Dieu avec lui par Marie ; car s’il fallait au genre humain un Pontife innocent, il lui était pareillement d’une utilité infinie d’avoir en sa Mère une Médiatrice, une protectrice et une Avocate toute sainte.

Honorez aujourd’hui la sacrée Vierge SE RÉJOUISSANT avec les Mages. Ces saints rois, dit saint François de Sales, n’ont pu se complaire ni en la beauté de la ville, ni en la magnificence de la cour d’Hérode, ni en la clarté de l’étoile, parce que leur cœur cherchait uniquement la petite grotte et le petit Enfant de Bethléem. Mais écoutez la Vierge-Mère tenant ce discours avec son divin Fils : « Mes plus grandes délices sont d’être avec les enfants des hommes. Oui, car tenant l’Homme-Dieu dans mon sein, sur mes genoux, reposant entre mes bras, je n’ai point de plus grand plaisir, moi qui aimais tant la vie cachée à l’ombre des solitudes, que de voir venir les pasteurs adorer l’Homme-Dieu, les rois lui faire des hommages et des présents, et tous les fidèles lui prêter le serment de fidélité. »

Donnez cette joie à la sacrée Vierge ; renouvelez vos vœux à ses pieds, pour que vos offrandes soient agréables au petit Roi qu’elle tient entre ses bras. Ô mon Bienheureux Père saint François de Sales, refaites aujourd’hui dans le ciel la prière que votre cœur paternel faisait pour nous quand vous étiez sur la terre : Ô mon Dieu ! je vous supplie de rendre ces filles, que vous m’avez données, TOUTES d’OR en CHARITÉ, TOUTES d’ENCENS et de PARFUMS par l’ORAISON et la VIE INTÉRIEURE, et TOUTES de MYRRHE en MORTIFICATION !

Honorez aujourd’hui la sacrée Vierge congédiant les Mages.

Les Pères de la vie spirituelle nous conseillent d’imiter ces saints rois, en retournant dans notre patrie par un chemin différent de celui par lequel nous en étions sortis ; mais, sans manquer de respect pour ce conseil, et même, comme je crois, sans m’en éloigner, je dis avec notre bienheureux Père : Ne retournons point en la région de laquelle nous sommes sortis ; laissons pour jamais l’Arabie et la Chaldée ; demeurons aux pieds du Sauveur et disons avec la céleste Épouse : J’AI TROUVÉ CELUI QUE MON CŒUR DÉSIRE ; JE LE TIENS ET JE NE L’ABANDONNERAI JAMAIS !

Honorez aujourd’hui la sacrée Vierge demeurant dans la pauvre étable de Bethléem avec Jésus seul, ayant voulu comme son Fils se soumettre à toutes les humiliations humaines, si ce n’est le péché, et demeurant comme une simple femme quarante jours dans le lieu de son accouchement.

Entrez humblement et dévotement dans la pauvre étable, auprès de Jésus, Marie et Joseph, jusqu’au jour de la Purification, pour demander part à leur divine solitude et former d’ardentes affections et résolutions pour la vie cachée, solitaire, mortifiée et anéantie, à laquelle notre sainte vocation nous appelle dans l’Institut de Sainte-Marie. Cherchez à y satisfaire le vœu de notre Père saint François de Sales, qui n’a jamais rien tant désiré que de nous rendre filles intérieures, et, comme il dit, filles des colloques célestes.

Et comme l’Église fait, à la fin de cette octave, une fête particulière, avec office double, en l’honneur du saint et adorable Nom de Jésus, unissez-vous à la sacrée Vierge pour prononcer révéremment et répéter mille fois ce Nom glorieux, qui sert de pilier, de fondement, de titre d’honneur, d’armes offensives et défensives à toute l’Église.

L’amour avait gravé cet adorable Nom en lettres de feu sur le cœur de notre sainte Mère, et ç’a été en notre Père saint François de Sales le cri d’armes perpétuel de sa guerre spirituelle, son arme et son blason : VIVE JÉSUS ! VIVE JÉSUS !

Honorez aujourd’hui la sacrée Vierge GOÛTANT et SAVOURANT la douceur du saint Nom de Jésus ; formez des affections et résolutions d’aimer et d’honorer désormais ce Nom sacré d’une manière tout appliquée et amoureuse.

« Oh ! dit notre bienheureux Père saint François de Sales, puissions-nous au moins une fois prononcer ce Nom sacré de notre cœur ! Oh ! quel baume il répandrait en toutes les puissances de notre esprit ! Que nous serions heureux de n’avoir en l’entendement que JÉSUS, en la mémoire que JÉSUS, en la volonté que JÉSUS ; que JÉSUS en l’imagination ! JÉSUS serait partout en nous et nous partout en Lui. Essayons-nous-en, ma très-chère fille, prononçons-le souvent comme nous pourrons ; que si bien pour le présent ce ne sera qu’en bégayant, à la fin néanmoins nous pourrons le bien prononcer. »